La plupart des personnes souffrant de CI ont pu remarquer des variations dans l’intensité des symptômes de leur maladie, tant en ce qui concerne la douleur que la fréquence des mictions. Savez-vous que ces variations peuvent être la conséquence d’une prise d’aliments trop acidifiants. En effet de nombreux patients atteints de CI constatent qu’un régime adéquat est essentiel pour contrôler la maladie et éviter les crises. Certains aliments particulièrement acidifiants pris en quantité non négligeable, peuvent causer des troubles vésicaux durant plusieurs jours (et plusieurs nuits…).
Mais d’abord, apprenons à reconnaître ces aliments formateurs d’acides dans l’organisme. Au cours de la digestion, les aliments que nous ingérons sont réduits en tous petits morceaux que l’on appelle résidus alimentaires qui seront de deux types : les résidus alcalins produits par des aliments basiques et les résidus acides produits par des aliments acidifiants. Le corps a besoin de ces deux types d’aliments, cependant les aliments alcalinisants doivent toujours prédominer sur les aliments acidifiants.
En sachant que les aliments alcalins sont bénéfiques pour la santé et que les aliments acides sont nocifs et entraînent, entre autre, beaucoup d’irritation, il est facile d’en déduire un régime intéressant pour limiter les symptômes d’une CI. Malheureusement, ce n’est pas aussi simple qu’on se l’imagine car le mécanisme de l’acidose dépend d’autres facteurs. De plus certaines personnes se basent pour identifier un aliment acide sur sa saveur ou son acidité en bouche ; ne vous méprenez pas : un aliment au goût acide n’est pas nécessairement un aliment acidifiant.
Il ne faut donc pas confondre la saveur acide d’un aliment avec son caractère éventuellement acidifiant dans l’organisme, en effet, si le citron par exemple à une saveur acide, il est toutefois basogène, c’est à dire qu’après digestion, il a un pouvoir alcalinisant sur les urines. Autre exemple, une alimentation carnée sera quant à elle après digestion, très acidifiante. En fait, ce n’est pas le pH de l’aliment lui même qui entre en jeu mais les minéraux qu’il contient et les transformations qu’il subit au cours du catabolisme.
Des termes à ne pas confondre : on parle d’aliments acides ou d’aliments alcalins lors de leur arrivée dans l’estomac, mais après la digestion, on parle d’aliments acidifiants ou alcalinisants. En fait un aliment alcalin reste toujours alcalinisant dans l’organisme alors qu’un aliment acide peut soit devenir alcalinisant ou acidifiant et cela dépend de plusieurs facteurs et notamment des combinaisons alimentaires, en d’autres termes des différents autres aliments qui vont composer votre repas.
Bien sûr, lorsque nous parlons d’aliments acides ou alcalins, effectivement il y a des estomacs sensibles pour lesquels le contact d’un jus d’orange ou d’une tomate crue est un calvaire, alors que ces aliments après digestion deviennent alcalinisants. Inversement pour les aliments carnés, la digestion et l’utilisation des protéines aboutit nécessairement à la production d’acides dont le plus connu est l’acide urique.
Mais d’abord, nous allons élaborer une classification des aliments sur un mode plus réaliste. On en distinguera trois types :
• les aliments alcalins ou basiques qui resteront toujours alcalinisants dans l’organisme
• les aliments acides ou à caractère acides (repérables au goût) qui deviendront alcalins après digestion si accompagnés dans la plupart des cas d’un aliment alcalin
• les aliments producteurs d’acides (pas toujours décelables au goût) qui deviendront acidifiants après digestion
Vous l’aurez compris : le premier type d’aliments est à privilégier, le second doit toujours être consommé avec un aliment alcalinisant, le troisième type est à éviter ou à en contrôler la consommation.
Il ne faut jamais exclure d’office un aliment ou un groupe d’aliments sans avoir la certitude qu’on ne le tolère pas. Ce genre d’exclusions systématiques risque effectivement de conduire à un régime déséquilibré, n’offrant qu’une très faible diversité alimentaire et apportant de ce fait peu de plaisir tout en couvrant mal nos besoins nutritionnels. La plupart des aliments acidifiants ou producteurs d’acides sont aussi des nutriments de base pour notre alimentation, il n’est donc pas possible de les supprimer. La solution consiste à veiller aux quantités car l’effet acidifiant sera évidemment proportionnel à la quantité et cette notion ne peut être qu’individuelle car elle est basée sur les capacités métaboliques personnelles.
Après la digestion, la vessie reçoit les résidus qui seront soit alcalinisants soit acidifiants et qui joueront ainsi un rôle calmant ou aggravant des symptômes. Il est cependant hors de question de supprimer complètement l’acidité de l’organisme ce qui risquerait d’entraîner de graves troubles, voire la mort. L’organisme a besoin d’un équilibre acido-basique constant qui se mesure par le pH (potentiel hydrogène). L’échelle de mesure va de 0 (totalement acide) à 14 (totalement basique). On considère le pH neutre à 7. Lorsque l’équilibre est rompu, on parle d’acidose ou d’alcalose. Le pH du sang doit impérativement rester entre 7,32 et 7,42, donc légèrement alcalin. En dehors de ces limites, pas de vie possible. C’est pourquoi, l’organisme possède un système tampon qui permet de rééquilibrer en allant chercher des substances minérales alcalines dans le système osseux et les dents et dans une moindre mesure les cheveux et la peau. D’où, un excès d’acides entraîne toujours une déminéralisation de l’organisme avec sa cohorte de pathologies : arthrose, ostéoporose, caries, problèmes immunitaires etc. Le pH urinaire se situe entre 6,5 et 7,5, cependant en cas de CI ce pH normal peut quand même irriter la vessie, d’où l’intérêt de le remonter un peu. Chaque organe a un pH idéal qui lui est propre. La légère alcalinité de notre organisme est favorable au bon déroulement d’un très grand nombre de processus physiologiques, dont notamment l’avantage d’offrir une meilleure absorption du calcium.
En testant votre pH urinaire vous pouvez facilement déterminer si votre corps cherche à se défaire d’un trop plein d’acides. En règle générale, vous trouverez un pH plus acide le matin : de 5,5 à 6.5, puis une valeur de 6.5 à 7 vers midi pour terminer entre 7 et 7,5 le soir. Cela veut dire que la nuit, votre organisme élimine l’excès d’acidité accumulé pendant la journée . Pour tester votre pH régulièrement, pour l’évaluer en fonction de vos prises alimentaires, pour expérimenter ces notions, ne vous contentez pas d’effectuer l’analyse en laboratoire ; achetez des bandelettes de tests urinaires en pharmacie et tenez à jour un agenda, vous verrez que vous y ferez des découvertes très intéressantes.
Si un régime alcalinisant a pour but d’augmenter le pH urinaire, on notera qu’une voie d’alcalinisation plus directe consiste à absorber une eau minérale riche en bicarbonate, telle l’eau de Vichy ou de type identique lors des repas, sans toutefois tomber dans l’excès, contentez vous d’un demi litre maximum par jour , car certaines personnes prédisposées peuvent développer par la suite une lithiase calcique. Dans le cas d’acidose très prononcée, il peut être nécessaire de prendre certains produits naturels (plantes , minéraux) alcalinisants pouvant être conseillés par des professionnels de la santé mais soyez très prudents avec les médicaments généralement prescrits pour lutter contre l’acidose, ils présentent souvent une toxicité importante à long terme (métaux lourds), identifiez bien la composition du produit. Un bon vieux remède : une cuillère à café de bicarbonate de soude dans un verre d’eau lors des repas vous semblant très acidifiants contribuera à l’alcalinisation de l’urine et pourrait éviter qu’elle ne vous irrite. Là aussi, n’en abusez pas, le bicarbonate contient du sel, attention à ceux qui souffrent d’hypertension ou d’autres troubles pouvant être influencés par l’apport en sel, ne réitérez pas ce geste systématiquement à chaque repas, mais ciblez les aliments ou les repas qui le nécessitent.
Les compléments alimentaires et vitamines doivent aussi faire l’objet d’une attention particulière. La prise de vitamine C diminue le pH, donc acidifie l’organisme, le complexe des vitamines B, pour des raisons ignorées entraînent des troubles chez beaucoup de patients atteints de CI. La vitamine B12 est surtout agressive, il faut dire que c’est elle que l’on retrouve dans la viande, la vitamine B6 est quant à elle mieux tolérée. Les vitamines ADE ainsi que le calcium et le magnésium sont bien tolérés. Les colorants, conservateurs, antioxydants, émulsifiants et additifs contenus dans les aliments préparés du commerce sont très souvent source de troubles pour les patients atteints de CI, certains sont inoffensifs, d’autres le sont moins, bien lire les étiquettes et éviter le terme: « acidifiant ». Je vous invite à consulter les sites internet qui les décrivent en détail.
En ce qui concerne les combinaisons alimentaires, le tableau ci après vous permettra de prendre connaissance des grands groupes d’aliments alcalinisants ou acidifiants. Vous pourrez constater que nos habitudes alimentaires sont malheureusement souvent bien loin de l’équilibre que nous devrions rechercher .En effet, il n’est pas judicieux d’associer des aliments acidifiants (poisson, viande) avec des céréales (pain, pâtes, riz) dépourvues de pouvoir alcalinisant, si le repas ne comprend pas une proportion suffisante de légumes à fort pouvoir alcalinisant , c’est pourtant le type même de repas rencontré fréquemment. La consommation simultanée de fromage et de pain beurré est une explosion acidifiante détonnante, car nous sommes en présence de trois éléments du même groupe des acidifiants. Consommez toujours vos pâtes avec beaucoup de légumes, mais pas seulement la tomate, car cette dernière est acide, vous devez impérativement accompagner ce plat de carottes, d’oignons,…d’aliments alcalinisants. Buvez vos jus de fruits avec du citron (proportion ¼ citron), jamais avec du sucre ajouté. Certains naturopathes préconisent de prendre le matin à jeun un jaune d’œuf avec le jus d’un citron afin d’ôter l’acidose de l’organisme et de le reminéraliser. On devrait servir, comme c’est l’habitude dans les régions du Nord, des pommes de terre à tous les repas complets, au moins une fois par jour, car elles vont jouer un rôle essentiel sur l’alcalinisation des autres aliments qui l’accompagnent.. En lieu et place des bonbons ou chocolats, grignotez des amandes au grand pouvoir, elles aussi, alcalinisant, mais soyez vigilants, les légumes et fruits traités au souffre deviennent systématiquement acidifiants, consommez donc bio dans la mesure du possible.
Mais soyez patient, un organisme en acidose depuis de très longues années, généralement depuis l’enfance, mettra des mois voire jusqu’à deux années pour retrouver un équilibre acido-basique correct, mais cela en vaut la peine, surtout en ce qui concerne la prévention des problèmes osseux. En ce qui concerne la cystite interstitielle et les symptômes douloureux qu’elle entraîne sur la vessie, le résultat peut parfois être beaucoup plus spectaculaire et rapide. A vous de tester. Bon appétit.
Article rédigé par Annie LOMBART, nutritionniste.
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